Voici le témoignage d’un participant du PLIE, récemment de retour à l’emploi. Un homme incroyable, inspiré et inspirant. Merci Bruno d’avoir accepté de partager votre histoire.

Interview

Interview

L’image que l’on se fait de l’adulte surdoué est souvent bien loin de la réalité : on pense qu’il réussit tout ce qu’il entreprend, qu’il est favorisé, qu’il est intellectuellement supérieur aux autres…
La réalité est bien plus compliquée, car les personnes surdouées ont la plupart du temps un parcours chaotique. Celui de Bruno, que nous allons vous présenter, en est l’exemple vivant.

Quand début 2019 il se présente à son agence Pôle emploi, il est en vrac. Bruno a 61 ans. Depuis son Burn-out, il est complètement déconnecté de la vie sociale et de la réalité commune. Pendant un an et demie, il n’est pratiquement pas sorti de chez lui, terrorisé. Une perte de repères qui l’amènera jusqu’à pratiquement oublier son prénom. La santé ne va pas très fort, les finances non plus.
Lors de son rendez-vous, son Conseiller Pôle Emploi lui explique qu’il a le profil pour intégrer le dispositif du PLIE : il a besoin d’un accompagnement personnalisé et renforcé pour se reconstruire sur la durée, afin de tracer son chemin jusqu’à un retour à l’emploi. Et c’est exactement ce que nous, au PLIE, pouvons lui apporter.
Son contrat d’engagement avec le PLIE à peine signé, son parcours démarre, tandis que rien de très clair ne s’annonce pour l’année qui suit. Et pourtant…

Il est suivi assidûment par sa Référente, Rosa, et intègre une de nos actions intitulée « Atouts seniors », mis en œuvre par notre opérateur Reflet 31. L’objectif est de redonner confiance aux participants et apporter à chacun une reconnaissance de son potentiel. Le cadre est bienveillant, il permet de se remettre en mouvement vers l’emploi.

Bruno se définit lui-même comme une personne atypique. Son souci à lui, c’est plutôt les pensées qui fusent et défilent sans relâche dans sa tête. Il a passé une partie de sa vie à se demander s’il n’était pas fou, à douter en permanence de ses capacités. Il faut dire qu’il a reçu très jeune une éducation négative et qu’il en a souffert. Et pour se sauver une première fois, à 15 ans, il quitte son monde pour s’engager dans la Marine. Mais pour qui se cherche et n’est pas complètement dans les clous, le chemin peut être long.

Pendant son accompagnement personnalisé au sein du PLIE, Bruno a ressenti beaucoup de bienveillance et a obtenu, affirme-t-il, la bonne écoute de ses interlocuteurs.
Depuis toujours, il perçoit qu’il est différent, sans en comprendre les raisons. C’est finalement après une démarche psychothérapique, qui fait partie des possibilités offertes par notre plan d’action, que le diagnostic de surdouance tombe. Bruno est un adulte à haut potentiel. Pour lui, c’est un véritable choc émotionnel ! À 62 ans, ses verrous inconscients, posés depuis l’enfance, viennent de sauter.
Ce déclic est l’occasion d’un redémarrage, voire d’un reformatage : « Suite à cette découverte, j’ai changé tous les fichiers de l’ordinateur de mon cerveau et j’ai supprimé les virus. Désormais, je vais à l’essentiel, je profite de chaque seconde de ma vie ». Pouvoir donner du sens à ses « bizarreries », comme il les appelle, entraîne en lui un profond soulagement.
Pour vous aider à comprendre sa situation, il faut savoir que seulement 2% de la population mondiale possèdent un QI largement supérieur à la moyenne, mais c’est souvent au prix d’un câblage neurologique “différent”.
Fin février 2020, au tout début de la crise liée à l’épidémie du Covid-19, Nathalie, la Chargée de projets Emploi-Entreprises du PLIE, informe Bruno qu’elle a trouvé une opportunité d’emploi qui peut l’intéresser. Elle lui propose d’entrer en relation directe avec son contact chez Manpower, pour un poste à la SNCF. À partir de là, tout va très vite : un vendredi, Bruno rencontre et convainc franchement son interlocuteur de l’intégrer dans un programme d’embauche, qui doit aboutir sur un recrutement. Le lundi suivant, s’ensuit une visite médicale et le soir même, le téléphone sonne. Bruno va intégrer une formation rémunérée à la prise de poste, qui durera 4 mois, pour ensuite intégrer la SNCF en tant que Chef de bord dans des trains inter-régionaux (TER) !
Le jour même de l’annonce du confinement, le 16 mars dernier, Bruno signe son contrat à la SNCF. Le jour où la France se met au ralenti, lui, il revit !
Le premier CDD de 6 mois sera suivi d’un autre contrat de 30 mois. « Si la santé suit, je veux travailler jusqu’à mes 70 ans » nous confie-t-il.
Bruno rencontre un tel bonheur avec son nouvel emploi qu’il souhaite le partager. Il veut désormais mettre ses aptitudes cognitives et sa sensibilité hors norme au service des autres. Durant le confinement, il a été aussi été accompagné par une nutritionniste, pour retrouver son équilibre alimentaire. C’est elle qui l’a connecté avec un groupe Meet-up, composé d’autres personnes à haut potentiel. De son propre aveu et même s’il ne les connaît pas depuis longtemps, il a la sensation qu’ils sont tous frères et sœurs.

Si l’esprit de Bruno a trouvé sa voie, il lui reste encore quelques dettes à rembourser. Mais grâce à sa retraite de marin et son nouveau salaire à la SNCF, le solde de tout compte est pour bientôt.
Lorsqu’on lui demande comment il perçoit l’avenir, la réponse fuse : « Ça roule ! Depuis que j’ai l’esprit libre, je me sens attirant ».