Comment favoriser l’accès de tous à une alimentation de qualité, favorable à la santé et à la dignité des personnes… et à l’agriculture locale ? Quelle traduction de ces besoins en opportunités de création de postes en insertion par l’activité économique ? Pour répondre à ces questions, le PLIE, en lien avec les services de la Direction de la cohésion sociale et celle de l’environnement (avec son Projet Agricole et Alimentaire Métropolitain PAAM), a commandé une étude-action, cofinancée par Toulouse Métropole et le FSE, et confiée à Cocagne Alimen’Terre (Réseau Cocagne) et à la Banque alimentaire.
Une première phase d’état des lieux a été menée au premier semestre 2021 :
– 34 structures ont répondu par questionnaire (12 CCAS, 3 épiceries sociales et solidaires, 20 réseaux associatifs ou associations) ;
– 50 entretiens ont été réalisés : centres sociaux, épiceries sociales et solidaires, structures d’insertion par l’activité économique, collectifs d’habitants, têtes de réseaux associatifs, groupements d’achats et réseaux de consommation responsable, acteurs de l’approvisionnement agricole et de la logistique alimentaire, divers services de la ville de Toulouse, structures d’accompagnement ESS ;
– Une cartographie des structures d’aide alimentaire adhérentes à la Banque alimentaire a été établie
Une deuxième phase de temps de co-construction avec un noyau d’acteurs stratégiques, et d’expérimentation de nouveaux services sera menée à partir du mois de septembre.
Résultats :
La crise du covid a joué un rôle d’accélérateur d’initiatives, tant dans les réseaux « traditionnels » d’aide alimentaire et de circuits courts que vis-à-vis d’initiatives citoyennes d’habitants à l’échelle de micro-territoires, notamment en QPV. Cela montre à quel point l’alimentation peut être un levier privilégié d’engagement citoyen et de lien social… mais cela soulève aussi des difficultés éventuelles en termes de cohérence territoriale des actions, de capacité à pérenniser les actions (financement, ressources humaines) voire de prise de distance avec les « normes » de l’aide alimentaire.
Deux approches complémentaires se dégagent :
– Comment faciliter l’accès aux denrées de qualité, notamment issues de filières locales, via les réseaux d’aide alimentaire ?
– Comment démocratiser les circuits courts, en les rendant plus accessibles (tant géographiquement que financièrement), y compris des personnes à faible revenu non dépendantes de l’aide alimentaire.
Certaines des initiatives répertoriées ont démarré par une approche d’aide alimentaire en réponse à l’urgence des confinements et s’interrogent sur un basculement vers une approche « circuits courts» en réponse aux attentes exprimées par les habitants.
Chacune des deux approches est caractérisée par des enjeux/contraintes spécifiques :
– Enjeux de volumes, de normes de sécurité alimentaire et d’habilitation pour les structures d’aide alimentaire (et non choix des denrées puisque la redistribution dépend de ce qui peut être collecté);
– Accent mis sur la liberté de choix des denrées, freins non seulement financiers mais aussi culturels à la mixité sociale dans les circuits courts, freins liés au volume limité d’offre en local (et son orientation privilégiée vers la vente directe, les magasins et la restauration collective plutôt que les circuits solidaires), enjeux sur la juste rémunération des producteurs.
Néanmoins des besoins communs se dégagent :
– Accès au foncier : besoin d’espace de stockage (notamment froid) et de distribution, accessibles (proximité des lieux d’habitation / transports en commun), se heurtant à la disponibilité et aux prix du foncier commercial ;
– Optimisation de la logistique : coût important en temps et en carburant (et impact environnemental) de la chaîne logistique, accentué par une orientation en faveur d’un approvisionnement plus local et qualitatif (sourcing local, ramasse, reconditionnement /allotissement, livraison des derniers kilomètres);
– Enjeux d’accompagnement des « mangeurs », sur le changement des pratiques alimentaires (moins de produits transformés / cuisiner maison des produits bruts, moins de viande et plus de légumineuses et de fruits et légumes).
D’autres enjeux sur lesquels il est plus difficile d’agir à court terme, mais qu’il importe de conserver en objectifs de moyen/long terme :
– Augmenter la production agricole en demi-gros en local accessible aux circuits solidaires,
– Trouver un modèle économique pour financer l’accessibilité alimentaire (en lien notamment avec les réflexions autour de la Sécurité Sociale de l’Alimentation ou les débats législatifs autour des « chèques alimentaires »),
– Changer d’échelle (au-delà des « convaincus » et des projets expérimentaux)…
Ces axes de travail rejoignent également ceux de la Stratégie nationale de lutte contre la précarité alimentaire (Cocolupa du 8 juillet) dans laquelle France Urbaine est appelée à s’impliquer.
Poursuite de la réflexion en groupes de travail thématiques :
Un groupe restreint, représentatif des acteurs stratégiques identifiés pour chacun des axes de travail, se réunira à l’automne afin de coconstruire un plan d’actions opérationnel créateur de postes en insertion :
– Logistique / livraison Approvisionnement local qualitatif Accompagnement et médiation sociale ;
– Service de livraison / ramasse / collecte / reconditionnement mutualisé ;
– Espaces mutualisés (stockage, distribution, tertiaire) ;
– Médiation offre / demande en circuits courts vers les distributeurs solidaires (identification des producteurs, contractualisation, sécurisation de la relation tant pour le producteur que les structures approvisionnées) ;
– Appui à l’augmentation de la production agricole locale et de l’insertion par ce secteur ;
– Transformation : cuisine / conserverie / cantine solidaire mise en réseau des acteurs, accompagnement au montage de projets notamment en insertion ;
– Service d’animation et de médiation sociale à partir du levier alimentaire ;
L’animation des groupes de travail veillera à connecter l’étude-action avec d’autres démarches engagées : Quartiers Fertiles, dynamiques sur le Nord Toulousain, Territoire à Vivre…